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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 22:06
David Pujadas présentera mercredi soir à 22h35 son émission, intitulée" Chronique d'une maltraitance ordinaire" sur France 2.
On aurait préféré, bien sûr, un passage en première partie de soirée, mais il ne faut pas non plus trop "remuer la m..." comme disait notre Coluche national.
Déjà un bel effort que de se risquer à balancer toutes ces horreurs aux yeux des français, bien assis dans leur canapé moelleux, sirottant leur tisane verveine-menthe. Les photos des aieuls risquent de grimaçer.

 Chapeau bas! C'est déjà un premier pas. Je sentais bien comme un vent qui arrivait, et ça se confirme. Tant mieux.  On avait eu un avant-goût en décembre 2007, dans "Zone Interdite". Déjà, je me souviens des retours. J'étais venue au travail le lendemain, presque heureuse (ce qui n'arrivais jamais). Enfin, on dénonçait les maux: pas de personnel, glissements de tâches, maltraitance "institutionnelle"...Cela sonnait pour moi comme le début du changement. Le tabou tomberait enfin!
 Malheureusement l'effet a été tout autre chez mes collègues.
Sur la défensive. Mais oui, bien sûr,  comment n'y avait-je pas pensé! Elles avaient ressenti cela comme une vaste campagne d'accusation contre le personnel soignant. On ne travaillait pas comme ça  ici, voyons! Elles sont heureuses, nos personnes âgées, dans notre établissement. Et puis on ne les maltraite pas: comme si on frappait les résidents ici!
Un mur, que dis-je, une montagne s' érigeait devant mes yeux incrédules. Moi, jeune aide-soignante, qu'on  reprenait régulièrement, car j' appliquais trop conventionnellement les méthodes qui m'avaient été dispensées à l'école..."Tu sais, les pansements, il faudra bien les faire le week-end quand on est absentes"...
L'infirmière faisait de la paperasse dans son bureau, cela faisait déjà 15 minutes que je l'avais prévenue qu'un résident l'attendait dans sa chambre (il avait tiré sa sonnette) parce qu'il s'était ouvert au visage en se cognant. Je vais lui rappeller une seconde fois, et elle ne va toujours pas voir ce monsieur qui saigne et qui attends sans rien dire...il n'y avait pas hémorragie bien sûr, mais quand même...Il a bien attendu plus de 30 minutes! Ces situations revenaient souvent, et je me souviens, je bouillonnais.
Dans une autre maison de retraite, je me souviens encore de tous ces résidents lavés dans leur lits, sans même les assoir au bord pour faire leur torse. Laver des corps couchés, c'est plus rapide. Qu'ils tiennent sur leurs jambes ou pas. L'usine. Des images me reviennent, il ne faut pas trop que j'y pense, ça n'est pas très beau. Ca fait mal, aussi.
Je me souviens d'une chambre double où vivaient deux femmes, dont l'une avait plus de 95 ans. On entrait à deux soignants (ou agents de services) dans la chambre, à 7h du matin. De chaque côté de la pièce, il y avait un lit. Alors il fallait effectuer la toilette de ces deux voisines en même temps. 3 mètres séparaient les deux lits, nos chariots se touchent. Pas de rideau entre les deux. De toute façon elles ne voyaient pas grand- chose, à leur âge. Certainement qu'elles étaient sourdes aussi. Pour l'une d'entre elles il fallait utiliser le lève-malade. Cette dame était déplacée de son lit à moitié nue, devant sa voisine, attachée à l'appareil par des sangles. Puis on les habillait et ensuite elles étaient mises sur leur Montauban (chaise- pot) , face à face pour qu'elles fassent leurs besoins. Une simple table (sur laquelle elles prennaient leur petit déjeuner par la suite) les séparaient. Tout cela au sortir du lit. Je n'imagine même pas ce qui se serait passé si un membre de la famille était passé à cette heure ci (7h30). Mais les visites ne sont pas prévues le matin! (Ouf!) C'était en 2007.

 Souvent on m'a fait penser que j'étais trop exigeante, perfectionniste. C'est seulement après que j'ai compris que ça n'était pas moi qui avait un problème. Le seul que j' avais, c'est que je dérangeais! Le petit grain de sable....

Et puis, Hervé Brèque nous a offert ce beau reportage sur France 3 en ce début de mois (à 23h10 hélas), film qui nous àmène presque à croire que l'on peut "bien travailler" en maison de retraite.

Cette fois, pour "Les Infiltrés", j'hésite à regarder. Voir encore des images choquantes, des scènes obscènes et déshonnorantes, je me lasserais presque. Non je blague.Je ris jaune là.

Bon, c'est bien beau de nous montrer que ça ne tourne pas rond dans ces institutions, mais...on fait quoi maintenant??? Brain storming général! En tout cas, j'espère tirer quelques fragments de solutions de cette émission à venir. A suivre.


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