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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 18:20



Les familles d'accueil pour personnes âgées représentent réellement une chance pour ceux qui commencent à sentir que le maintien à domicile de leur proche devient imprudent.

Je me souviens de la maman d'un ami qui exerce ce métier. Quand on entrait chez eux, tous étaient autour de la table; l'un épluchait les légumes, l'autre faisait ses mots croisés...Il n'y avait pas de tristesse.
C'est cette dame qui m'a expliqué pour la première fois comment on prenait en charge les personnes âgées, notamment pour la toilette. Je me posais beaucoup de questions à ce sujet!

Il me semble que les places se font rares, donc pensez à inscrire votre proche suffisament tôt.
De mon côté je vais appronfondir la question prochainement!

Pour cerner un peu mieux ce type d'accueil  voici un autre reportage qui a été diffusé sur TF1 le 24 mars dernier:

linklink

Et l'association concernée:
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23 juillet 2009 4 23 /07 /juillet /2009 21:27


C'est une petite dame simple, tout ce qu'il y a de plus simple, oui.

Les cheveux blancs (qui brillent d'un éclat!), courts mais pas trop. Un petit sourire de malice.
Elle sait vous reconnaitre à la voix car ses yeux ne veulent plus y voir grand-chose. En cela elle fait partie de ces personnes qui ont développé naturellement un sens afin de compenser un autre déficiant...
Par exemple, elle sait quelle infirmière arrive et salue à l' entrée, tandis que je suis  de l'autre côté dans la salle de bains avec elle et lui mets ses bas.
-" Ah, c'est Violette."
 Lorsqu'on croise son regard, au début on cherche un peu: ses yeux vous regardent et ne vous fixent jamais.
Et puis lorsque l 'infirmière aura fait son pillulier et sera sortie, elle me confiera:
-" Vous voyez, cette dame, elle est très aimable, mais jamais elle ne pense à refermer la porte du garage: c'est toujours ainsi!"

Ce que je préfère, c'est lorsque j'arrive et qu'elle est à son poulailler. Je la rejoint doucement et ma mémoire veut photographier l'instant.  Avec sa blouse bleue à carreaux, accordée à ses yeux clairs, elle trotte calmement à travers son verger et va ouvrir à ses " volailles".Il y a deux cabanes là- bas, au fond, accolées, qui ont été bricolées avec ce qui est tombé sous la main à ce moment-là: un sommier à ressort vient même se mêler à la composition, constituant une barrière infranchissable pour les volatiles.
Certaines bêtes restent enfermées dans l'enclos et d'autres peuvent partir gambader sur toute l'étendue du terrain. Ces dernières sont enfermées; elle sort de sa blouse sa grosse clé et la tourne lentement, tire la porte faite de planches,  puis laisse s 'échapper les poules. On s'imagine volontiers à une autre époque.
  Ensuite il faut ouvrir ce gros bidon de plastique bleu et attraper le grain avec la boite. Jeter le blé dans l' herbe comme si on semait. Du moins c'est ce que mon jeune esprit s'imagine. On sait à la voir que ce geste fait partie de sa vie, de son histoire; agricultrice retraitée bien sûr. Veuve depuis quelques ans déjà. Des photos d'elle près de son mari qui est assis sur un tracteur. Dans la salle à manger,plusieurs clichés de ce moment dans un cadre. Ils souriaient.

Un matin cet hiver lorsque j'arrivai je la trouva la tête penchée dans sa cuisinière à bois, les mains dans l'alandier, en train de tenter de remettre la grille en place qui s'était effondrée sur un côté dans le cendrier. Il faisait 12 ou 13 °C dans la maison. (Il y a pire chez d'autres)
Il a fallu que j'insiste pour qu'elle me laisse regarder.
A plus de quatre-vingt ans, elle n'a pas peur de grand-chose, à vrai-dire. Après avoir travaillé dur depuis toute jeune sur les terres, après avoir perdu un enfant à la naissance dans sa propre demeure, (là-même où ensuite la vie doit continuer) après avoir perdu l'être aimé, que peut-on craindre, si ce n'est la solitude?

Cette dame un jour m'a dit qu'elle n'avait plus de larmes pour pleurer. Quand elle voudrait elle ne peut pas: ça ne vient pas.
Et quand elle évoque sa situation, sa vie solitaire et bancale:
"Et si ça peut durer un peu encore comme ça, ça va".

Sacré caractère, la petite dame aux poules. Il est des essences d'arbres, comme ça, qu'on ne couche pas au prmeir coup de vent, et qui se fortifie presque à chaque tempête.


 
 
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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 16:08
J' arrivais, accompagnée d'une douce pluie matinale. Ma C3 blanche à peine garée dans la cour boueuse, la dame est sortie du bâtiment proche, vêtue d'une trop large côte bleue. Une énorme fermeture éclair blanche scindait son corps en deux parties. La féminité n'est pas de mise pendant la traite. En dehors non plus d'ailleurs...
Elle a un visage un peu fermé, vous savez ce genre de visage dont on devine qu' il ne dégagera jamais un sourire rayonnant... "On fait aller" ou bien "il faut bien". L'agriculture ne les a pas enrichis. Elle n'a pas choisi, de surcroît.

-"Allez-y, entrez,  j'arrive".

Je passe la porte d'entrée. A ma gauche, sa maman, en chemise de nuit, assise sur son fauteuil, dans sa chambre. Elle est toute courbée. Elle est silencieuse aussi.
Cette maison me renvoit au passé. Ces fermes qui ont une odeur de lait caillé, une cuisine où sont posés une grande table en massif et deux bancs. Dans un coin, deux fauteuils et une télévision font office de salon. La lumière n'est pas allumée la journée, soleil ou pas.

Aujourd'hui jeudi c'est la douche. Je ne l'ai encore jamais donné à cette patiente. Sa fille est là pour m'aider: je ne m'inquiète pas. En général l'inconnu ne m'effraie pas, au contraire; j'aime avoir à m'adapter à chaque patient. Son chez- lui, ses petites habitudes, sa façon de communiquer. Un jour un monsieur qui m'est cher m'avait dit que l'intelligence consistait à savoir s'adapter aux situations rencontrées. Celle-ci me convient mieux que d'autres formes en tout cas!

Nous voilà toutes les trois dans la salle de bain; nous maintenons fermement la maman afin de l'asseoir sur le siège-douche et de la faire pivoter au-dessus de la baignoire. Les baignoires sont une calamité. Dès lors qu'on devient moins leste, elles peuvent s'avérer très dangereuses car sources de glissades et de chutes brutales . Si vous faites construire, pensez-y! Installez de suite une douche, et sans rebords. Démolir une baignoire quand on a 70 ans n'est jamais une affaire très simple, et en plus c'est coûteux. Je connais un monsieur dans ce cas. Suite à une fracture de la hanche, il a décidé de faire ces travaux...

La vieille dame se laisse faire. Elle ne parle pas. Parfois un sourire, ou un rire. La maladie d'Alzheimer ne l'a pas rendue agressive, elle. Du moins pas encore. Peut-être parce qu' elle est chez sa fille, en terrain connu? On sait qu'il ne faut pas surprendre ces malades, qu'il faut préserver leurs habitudes et leur environnement. C'est le ciment même de leur psychisme. Enlevez- les de leur milieu et ils seront définitivement désorientés...et méconnaissables. On sait pourtant que, arrivé à un stade de la maladie, les proches ( les "aidants") ne peuvent plus porter leur parent, leur conjoint. C'est trop lourd. Ils doivent alors accepter de passer le relais.

La douche se passe très bien. Je dis à la fille de la patiente que je trouve son choix très honorable. Nous avons perdus ce lien et ce respect qui nous poussait auparavant (et il y a encore peu de temps quand on y pense!) à prendre soin de nos parents et grands- parents en vivant sous le même toit.
Alors elle me raconte qu'au début, quand sa maman est arrivée chez elle, ça a été très dur.

-"J' avais bien honte! Quand quelqu'un entrait et voyait me mère comme ça, c'était insupportable".

Peur de ce que les autres diront de vous. La campagne et ses "ragots".
Alors au début sa maman était comme "cachée": elle restait dans sa chambre. Comme c'est une personne qui ne se déplace pas de son propre gré...La honte était plus forte que tout.
Et puis au fil des mois...
Maintenant, quatre ans plus tard, elle est  dans le salon, mange à table auprès d' une aide ménagère. Ensuite elle est assise dans le fauteuil. Elle est bien là.
Sa fille est devenue son guide. Les rôles sont inversés.
C'est un geste magnifique, un respect immense envers sa mère.
Ce sont des concessions incroyables.
C'est un don de soi immense. Elle le fait , elle, petite agricultrice insignifiante. Pas besoin d'argent pour ça.




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